INDIAN CREEK un récit de Pete Fromm

Editions Gallmeister 2017 Collection TOTEM

Indian Creek est un récit de Pete Fromm publié en 1993 aux Etats-Unis, en 2006 en France, traduit de l’américain par Denis Lagae-Devoldère.

Jeune étudiant en biologie animale à l’université du Montana, dans la ville de Missoula, Pete Fromm s’ennuie. Il partage sa chambre avec Jeff Rader, un étudiant qui aime chasser et lui fait découvrir tous les récits de trappeur de la bibliothèque ; et dans le Montana, ils sont nombreux! Ces récits d’une vie sauvage dans la nature l’exaltent et le font rêver d’autant qu’enfant avec ses parents, il faisait du camping en été et de longues randonnées qu’il adorait.

Un jour par hasard, il apprend que le département Fish and Game (organisme de réglementation de la chasse et de la pêche) de l’Etat de l’Idaho cherche quelqu’un pour surveiller des œufs de saumon, dans le cadre d’un programme de l’Université de Missoula pour la reproduction des saumons. La personne recrutée devra vivre seule sous une tente (avec un poêle à bois), au bord de la rivière Indian Creek, dans un parc naturel des Montagnes Rocheuses, d’octobre à juin. Et, dans ce coin des Rocheuses, en hiver, il fait froid! La tête pleine de récits de trappeurs, il accepte sans réfléchir.

Pete Fromm raconte avec beaucoup de drôlerie comment les gardes forestiers de Fisch and Game découvrent son inexpérience lorsqu’ils l’installent à Indian Creek et montent ensemble sa tente:  « Lorsqu’ils [les gardes] découvrirent que je n’avais jamais utilisé de tronçonneuse, ils détournèrent carrément le regard. Le patron me tendit un tiers-point en me disant que je finirai par être un bon affuteur. Il ne me donna aucune précision. Je crois qu’ils essayaient de ne pas s’attacher à moi, comme des soldats aguerris avec une jeune recrue qui, de toute façon, ne leur survivra pas. » Page 36.

Son travail consiste à briser une fois par jour, un peu de la glace du bassin aménagé dans la rivière où les œufs de saumon ont été déposés (pour qu’ils ne gèlent pas et soient toujours dans une eau vive). Aussi, Pete a toutes ses journées pour mener la vie d’aventure qui l’a tant fasciné durant ses lectures! Il apprend à couper le bois et à le stocker en quantité suffisante pour se chauffer sous sa tente, pendant tout l’hiver. Il apprend à chasser pour se nourrir et à déposer des pièges; à dépouiller les animaux de leur fourrure! S’il est la plupart du temps seul et isolé, il rencontre parfois des guides et des chasseurs avec lesquels il sympathise et qui lui proposent de les accompagner pour chasser. Il apprend rapidement auprès d’eux, les gestes et les comportements indispensables pour s’adapter à cet environnement hostile où la température atteint parfois -40°C la nuit. Ils passent de bons moments de convivialité ensemble, partageant la nourriture, l’alcool, les anecdotes. Pourtant, il est presque soulagé lorsqu’ils se séparent, de retrouver sa solitude, le silence de la neige, la beauté inspirante de la nature et de la faune, sa vie active pour subvenir à ses besoins quotidiens.

Tout le long du récit, Pete oscille constamment entre deux humeurs opposées. Des fois, il ne comprend pas comment il a pu être assez inconscient pour accepter cet isolement radical et même dangereux (le téléphone le plus proche est à plusieurs kilomètres de sa tente) et veut revenir à Missoula. D’autres fois, il ressent intensément la plénitude des moments passés en harmonie avec la nature envoûtante et sa faune sauvage, dans le froid le plus extrême. Pete Fromm trouve les mots pour partager son éblouissement avec le lecteur:

« Il faisait toujours nuit noire à Magruder lorsque je me réveillais. J’allais à la porte pour juger du temps. Le ciel était si proche que les étoiles semblaient à portée de main. Mais, je ne levai pas le bras. On aurait dit que les étoiles étaient l’essence même du froid, qu’elles pouvaient vider la moindre trace de chaleur de toute chose vivante ». Page 115.

« Le lynx et le cerf étaient tombés ensemble de la falaise. Le cerf était mort sur le coup et le lynx était gravement blessé. Il était de toute évidence paralysé depuis le milieu de la colonne vertébrale. Je l’observais s’avancer vers l’arbre en rampant là où il savait que son dos serait à l’abri pour un dernier baroud d’honneur.[…] Le lynx m’entendit approcher et me jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Puis il se retourna, prêt à m’affronter. Il soufflait comme un chat, en plus fort et menaçant. Il lança un coup de patte foudroyant, toutes griffes dehors. Puis il se mit à avancer vers moi, les yeux jaunes et brillants, deux petites fentes remplies d’hostilité. Même mortellement blessé, il cherchait à m’attaquer moi qui le dominait de toute ma taille et faisait cinq fois son poids.[…] Jamais je n’avais vu une telle colère et une telle détermination ». Pages 195-196.

Finalement, quand le printemps arrive et avec lui, les randonneurs, Pete décide de quitter Indian Creek qu’il ne reconnait plus (trop de monde), non sans s’être préalablement assuré que Fish and Game lui ait trouvé un remplaçant pour les quelques semaines restant. Il retrouve avec force effusion ses amis et sa famille! Il a eu le temps avant de partir de voir les minuscules alevins éclos des œufs de saumon et de commencer à les libérer du bassin pour qu’ils remontent la rivière et entament leur périple vers la mer.

Après un retour un peu laborieux à la vie normale et à l’université, il réalise que pour obtenir son diplôme en biologie animale, il doit s’inscrire à un enseignement supplémentaire. Il choisit de suivre un atelier d’écriture. Il y écrit un texte inspiré de son hiver à Indian Creek. Impressionné, son professeur lui dit qu’il pourrait en faire son métier. Devenu ranger, il continue à écrire, y prend du plaisir et finit par trouver un éditeur. Vous connaissez la suite!

A la fin du livre, Pete confie qu’en écrivant et en donnant de la cohérence à son récit, il a revécu son aventure à Indian Creek avec une acuité accrue et a pris conscience, pour la première fois, de la rareté de ces moments qui avaient durablement influencé sa vie.

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