
Ma nièce m’a offert, L’Idiot, un roman de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski, (collection Babel, traduction d’André Marcowicz). L’Idiot a été publié en feuilleton en 1868 et 1869, dans le Messager russe.
Le roman met en scène des personnages extrêmes, vivant des passions exacerbées et destructrices. D’une grande densité, il avance de façon un peu chaotique au travers de scènes où les personnages, réunis en société, livrent et exposent longuement et sans retenue leurs pensées et leurs sentiments, crûment, sans crainte du jugement des autres.
Le personnage principal, est le prince Mychkine, âgé de 27 ans, « l’idiot », car dans sa jeunesse, il a gravement souffert d’épilepsie. Son honnêteté, sa sincérité, sa maladresse le rendent un peu impropre à la vie en société, où il ne peut taire ce qu’il pense ou ressent. Si sa sincérité l’isole des autres, il sait pourtant se faire aimer et apprécier, à cause de ces mêmes qualités. Il impressionne aussi par le sérieux de sa pensée. Surtout, il est plein de compassion et ressent intensément la souffrance des autres.
La société du roman où évolue le prince est mélangée. On y trouve des aristocrates propriétaires terriens, un général bien installé dans la société, sa femme et leurs filles, éduquées, cultivées et indépendantes, un usurier, des étudiants pauvres, des oisifs, un général alcoolique et déclassé, un jeune homme phtisique influencé par le nihilisme,…
Le noeud du roman est l’amour du prince Mychkine et de Parfione Rogojine, un homme vivant dans l’immédiateté d’une passion destructrice, pour la même femme, Nastassia Filipovna. D’une grande beauté, abusée adolescente par son riche tuteur, Nastassia exprime son dégoût et sa révolte, par un comportement paroxystique et scandaleux. L’amour du prince est indissociable de la compassion qu’il éprouve pour elle. En avançant dans le récit, le prince tombera également amoureux, d’Aglaïa, la plus jeune fille du général, très belle, audacieuse, orgueilleuse et idéaliste.
Le lecteur découvre la société russe contemporaine de Dostoïevski et les tensions qui la traversent comme le nihilisme, idéologie révolutionnaire socialiste. Ces réunions d’amis ou de connaissances en société, qui constituent la plus grande partie du roman, sont également le lieu de débats d’idées passionnés. Le prince qualifie le nihilisme de dépravation de la pensée car le révolutionnaire nihiliste, méprise toute morale et attache familiale et justifie le meurtre. Le premier attentat terroriste contre le tsar Alexandre II sera perpétré par un étudiant adhérant à cette idéologie. Le prince oppose aussi la Russie profondément religieuse à l’Occident athée.
Les personnages sont en proie à des passions tellement extrêmes, qu’ils échappent à une analyse rationnelle et psychologique, une part d’obscurité demeure en eux.
La fin extraordinaire du roman, d’une insoutenable intensité, en fait ce chef d’œuvre universellement reconnu de la littérature russe. Ce petit article ne prétend pas bien-sûr résumer ce roman si dense et si riche, mais seulement donner envie aux lecteurs de le lire ou de le relire.
Un grand classique que je n’ai pas lu et suite à ta chronique il pourrait bien être dans mes prochaines lectures.
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Merci pour ton commentaire et bravo à toi pour ton blog si riche et si actif !
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