BILLY WILDER et MOI, un roman de Jonathan Coe

Traduit par Marguerite Capelle
Editions Gallimard 2021

Après avoir aimé « Le cœur de l’Angleterre » de Jonathan Coe, j’ai voulu découvrir, « Billy Wilder et moi », son dernier roman.

« Billy Wilder et moi », est un roman fluide qui se lit agréablement. Billy Wilder (1906-2002) est un célèbre scénariste et réalisateur de films, « maître incontesté de la comédie américaine dans les années 1950-1960 ». De nationalité autrichienne, il a quitté l’Allemagne nazie pour s’installer en France et continuer à y travailler, puis aux Etats-Unis où il a pris la nationalité américaine. Durant sa longue carrière, commencée en 1929, il a reçu de très nombreuses récompenses dont trois oscars du meilleur scénario, deux oscars du meilleur réalisateur et un oscar du meilleur film. « Sept ans de réflexion », « Certains l’aiment chaud » et « Boulevard du crépuscule », comptent parmi ses films les plus connus.

Le roman raconte principalement le tournage en Grèce, de l’avant-dernier film de Wilder, « Fedora » (1978), sur une star de cinéma déchue qui s’est retirée du monde. La narratrice du roman, Calista, d’origine grecque, a dans sa jeunesse eu la chance de rencontrer Billy Wilder et d’être choisie par lui pour être interprète, sur le tournage de « Fedora ». Calista, nous montre les tourments du réalisateur, qui autrefois adulé par Hollywood, est maintenant délaissé par les producteurs, réticents à financer ses films, car ils ne font plus de recettes.

Dans le récit, Jonathan Coe discourt subtilement sur la création artistique, sans prétention, presque « en passant ». Il fait dire à l’un des personnages, un jeune homme qui veut réaliser des films, qu’un créateur est quelqu’un qui a « …quelque chose à dire au monde » et que son œuvre doit être un miroir fidèle, simple et clair du monde environnant, pour rencontrer le public et le toucher. Or, ce n’est plus le cas de Billy Wilder qui à la fin des années 1970, continue à raconter des histoires, au travers d’une esthétique dépassée.

Billy Wilder en a conscience. Il confie à Calista, qu’il n’a pas su faire évoluer son art et adopter les nouveaux codes et les valeurs des jeunes cinéastes et que les histoires qu’il raconte ne parlent plus aux spectateurs. Lui qui fut le roi d’Hollywood dans les années 1950-1960, ne connaitra jamais plus le succès, un peu comme Fedora, le personnage du film…

Mais Wilder défend aussi son cinéma, car ses films, dit-il, offrent au spectateur « un peu d’élégance, un peu de beauté…un soupçon de joie », car la vie n’est pas toujours belle… Billy Wilder qui a quitté l’Allemagne au début du nazisme et dont la mère est morte déportée, connait les horreurs de la vie. Parce qu’il a connu ces horreurs, il éprouve le besoin de parler de choses légères… Et, Calista, nous montre un Billy épicurien et amoureux des plaisirs simples de la vie, dégustant un fromage de Brie exceptionnel, dans une cour ferme près de Meaux, une soirée chaude de la fin du mois d’août…

Je dois avouer que, mise à part la drôlerie et le charme de Marilyn Monroe, dans « Certains l’aiment chaud », j’ai gardé peu de souvenirs des films de Billy Wilder que j’ai vus, il y a longtemps… C’est dommage, car le roman doit avoir encore plus de sel et de sens pour le lecteur qui connait l’œuvre de Billy Wilder! Je vais regarder ses films en VOD, en pensant au roman de Jonathan Coe.


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