L’AMOUR AUX TEMPS DU CHOLERA un roman de Gabriel Garcia Marquez

Gabriel Garcia Marquez et sa femme Mercédès Barcha

Mon neveu m’a offert L’amour aux temps du choléra. J’avoue que depuis le choc et l’émerveillement de Cent ans de solitude, je n’ai lu aucun autre roman de Gabriel Garcia Marquez.

J’ai lu Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez quand j’étais étudiante et j’ai le souvenir d’une sorte de parenthèse heureuse de quelques jours, pendant laquelle j’attendais avec impatience, le moment de me replonger dans le roman et son univers poétique et ensorcelant. Pourtant, je ne l’ai jamais relu ensuite et je ne me rappelle plus vraiment du récit raconté par Garcia Marquez, seulement de la phrase leitmotiv « Bien des années plus tard, face au peloton d’éxécution, le colonel Aureliano Buendia, devait se rappeler… » et du récit surréaliste et drolatique d’un filet de sang qui effectue un trajet improbable, mu par une énergie irréelle.

L’amour au temps du choléra est un roman sur l’amour fou. Il raconte l’amour fou d’un jeune homme, Florentino Ariza, pour une jeune fille Fermina Daza, avec laquelle pourtant il n’a échangé que quelques paroles. Cet amour continuera à guider toute sa vie, même après que Fermina se sera mariée avec un autre homme. Le thème de l’amour fou porte en lui, la démesure romanesque et délirante, caractéristique de l’univers de Garcia Marquez.

Le roman semble écrit au fil de la plume avec des digressions qui emmènent le lecteur sur des chemins parfois déconcertants et qui font un peu perdre le sens du récit. Mais au milieu de cette fantaisie poétique et tout le long du roman, l’auteur nous parle avec sérieux de l’amour, du mariage, du couple, de la force du lien qui unit les vieux couples. Le roman trouve également son unité dans l’exubérante écriture poétique et imagée de Garcia Marquez qui crée cette sorte « d’enchantement baroque », caractéristique de son œuvre.

Et voici quelques extraits du livre, illustrant l’écriture, si personnelle de l’auteur (Livre de poche- Grasset-Edition 38- Septembre 2020) :

page 263 Mais à l’instant crucial de sa vie, elle déposa les armes, sans tenir compte le moins du monde de la beauté virile du prétendant, ni de sa richesse légendaire, ni de sa gloire précoce, ni d’aucun de ses nombreux et réels mérites, chavirée par la peur de l’occasion qui s’en allait et par l’imminence de ses vingt et un ans, sa limite secrète pour se livrer au destin.

page 264 Alors, tous les doutes se dissipèrent et elle put accomplir sans remords ce que la raison lui signifiait comme le plus décent : sans une larme, elle passa l’éponge sur le souvenir de Florentino Ariza, l’effaça tout entier, et laissa un champ de marguerites fleurir à la place qu’il occupait dans sa mémoire.

page 326 Mais elle essuya ses mains comme elle le put à son tablier, se refit comme elle le put une beauté, en appela à toute la fierté dont sa mère l’avait dotée en lui donnant le jour afin de mettre de l’ordre dans son cœur affolé, et se dirigea vers son homme de sa douce démarche de biche, la tête bien droite, le regard lucide, le nez en guerre, reconnaissante au destin de l’immense soulagement de rentrer chez elle […] elle repartait heureuse avec lui mais décidée à lui faire payer en silence les amères souffrances qui avaient gâché sa vie.

Comme Garcia Marquez s’attarde souvent dans le récit sur les relations au sein du couple, j’ai choisi une photo de l’écrivain et de sa femme, Mercédès Barcha, pour illustrer l’article. Et puis, peut-être Mercédès a-t-elle inspiré à l’auteur, la description de Fermina Daza et de « son magnifique profil de grive » (page 175) et de « [ses] beaux yeux lancéolés » (page 328)!

8 commentaires sur “L’AMOUR AUX TEMPS DU CHOLERA un roman de Gabriel Garcia Marquez

  1. Je dois avouer que « Cent ans de solitude » m’était tombé des mains. Je m’étais forcé à le terminer, mais je suis resté relativement imperméable à ce style. J’ai toujours ce titre dans ma PAL et dans ma bibliothèque, en espérant qu’il me permette enfin d’apprécier ce grand auteur !

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  2. J’ai lu 100 ans de solitude il y a bien longtemps et l’amour au temps du choléra ensuite… J’ai aimé retrouver mes impressions de lecture dans ta chronique. Merci aussi pour la photo magnifique. Un grand de la littérature et pas seulement !

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  3. Coucou Catherine,

    super si tu as aimé — même si je ne sais pas finalement à quel point tu as aimé, de ta critique 🙂 –. De mon côté j’apprécie beaucoup l’écriture cyclique de G. M. Marquez. Un fait dans le présent rappelle un fait dans le passé, qui demande à préparer le contexte encore plus dans le passé ; puis on revient progressivement au présent, puis on recommence, etc. [1] Tout cela, en plus de l’écriture très particulière du « réalisme magique », donne au tout une texture tellement agréable et éthéré ; magique, en somme !

    Je repense à Ursula, dans cent ans de solitude, qui déclare qu’elle mourra une fois la pluie passée. Et la pluie ne s’arrête alors plus : « L’atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d’une pièce à l’autre. ». Ou alors quand elle déclare que « plus on vieillit, plus le temps perd en qualité ». Ça m’avait beaucoup marqué.

    J’espère que tout va bien en cette période de confinement, et t’embrasse.
    Erwan

    « Je connais déjà tout ça par coeur, s’écriait Ursula. C’est comme si le temps tournait en rond et que nous étions revenus au tout début. », dans cent ans de solitude.

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    1. Merci beaucoup Erwan pour ton commentaire que je viens juste de lire car il était arrivé dans les commentaires indésirables! Je vois que tu connais bien mieux que moi Cent ans de solitude et que tu es tombé comme plein de lecteurs sous le charme hypnotique du roman !
      C’est très sympa de connaître tes pensées sincères sur ce roman qui t’a tant plu!
      Je sais que tu es très occupé en ce moment. Je t’embrasse et à bientôt…

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  4. Coucou Catherine,

    super si tu as aimé — même si je ne sais pas finalement à quel point tu as aimé, de ta critique 🙂 –. De mon côté j’apprécie beaucoup l’écriture cyclique de G. M. Marquez. Un fait dans le présent rappelle un fait dans le passé, qui demande à préparer le contexte encore plus dans le passé ; puis on revient progressivement au présent, puis on recommence, etc. [1] Tout cela, en plus de l’écriture très particulière du « réalisme magique », donne au tout une texture tellement agréable et éthéré ; magique, en somme !

    Je repense à Ursula, dans cent ans de solitude, qui déclare qu’elle mourra une fois la pluie passée. Et la pluie ne s’arrête alors plus : « L’atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d’une pièce à l’autre. ». Ou alors quand elle déclare que « plus on vieillit, plus le temps perd en qualité ». Ça m’avait beaucoup marqué.

    J’espère que tout va bien en cette période de confinement, et t’embrasse.
    Erwan

    « Je connais déjà tout ça par coeur, s’écriait Ursula. C’est comme si le temps tournait en rond et que nous étions revenus au tout début. », dans cent ans de solitude.

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